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Côte d’Ivoire / Reportage/Autonomisation de la Femme : Dame Boua, un exemple vivant de l’impact positif

Dans le paysage dynamique de l'autonomisation féminine en Côte d'Ivoire, des femmes courageuses se démarquent par leur créativité et leur détermination. Parmi elles, une figure exemplaire : Dame Boua Yvonne, une entrepreneure qui a transformé la vente de sandwiches à l'ivoirienne en une véritable success story dans la commune de Cocody.

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Ce jeudi 30 mai 2024, il est 5h30minutes. Dame Boua est déjà debout. Elle effectue les derniers réglages avec ses aide-vendeuses pour préparer sa marchandise avant de rejoindre son lieu de vente. En la voyant s’activer dans la maison, touchant à tout, on pourrait croire qu’elle a trente ans. Elle confie : « nous ne sommes qu’au début d’une résilience, d’un courage » qu’elle puise depuis la disparition de son époux, il y a quatre ans. Elle fait appel à un portefaix pour transporter sa marchandise sur plus d’un kilomètre et demi, distance qu’elle parcourt à pied ou en taxi communal.

Dame Boua au travail

Âgée de 56 ans, Dame Boua vend depuis sept ans du pain garni accompagné de  diverses préparations : sauté de pommes de terre, viande de bœuf ou poisson haché, foie de bœuf, pâtes alimentaires (macaroni), ainsi que des crudités (tomates, chou, oignon frais) assaisonnées de vinaigrette. Son stand se compose d’un hangar protégé sur lequel est disposé le matériel de travail, et un parasol, une chaise et d’un long banc pour permettre à ses clients de manger rapidement.

« Tout le monde peut entreprendre », nous confie Dame Boua, entourée de ses deux aides-vendeuses. Celles-ci gagnent 1500 FCFA par jour après la vente. Elle explique qu’elle utilise ce mode de paiement pour encourager ses aides et se prémunir contre les absences imprévues. « J’ai ma fille avec moi qui, en attendant un stage, m’aide aussi quand je suis fatiguée ou que je dois honorer un rendez-vous », ajoute-t-elle.

À Angré, Saint-Marc, dans la commune de Cocody, elle se trouve derrière son comptoir avec ses plats soigneusement arrangés. Du lundi au samedi, Dame Boua est à la tâche, aidée par ses aides-vendeuses et sa fille. Elles servent rapidement les clients sous l’œil vigilant de Dame Boua. Pour satisfaire sa clientèle, elle se réveille chaque jour à l’aube pour cuisiner, afin que tout soit prêt dès 7 heures du matin. Malgré le poids de l’âge, elle reste debout pour mieux servir ses clients.

 

 

.Pour satisfaire sa clientèle, elle se réveille chaque jour à l’aube pour cuisiner, afin que tout soit prêt dès 7 heures du matin

Guei Albert, auxiliaire de pharmacie, en compagnie de ses deux petits garçons, indique : « Les sandwiches de Maman Boua sont un véritable délice pour mes enfants. Ils en demandent toujours avant de commencer la journée. » Tenant un sandwich bien garni, une autre cliente, Toya Grâce, élève en classe de 4e, apprécie :  » c’est doux et bien fait les pains condiments de tantie. »

Petit métier, business juteux

Pour démarrer cette activité, Dame Boua a commencé avec un capital de 15 000 FCFA, soit environ 10 à 20 baguettes de pain par matinée. Aujourd’hui, elle vend plus de 100 baguettes par jour, ce qui lui rapporte un bénéfice de 60 à 80 000 FCFA par semaine. Un revenu qui lui permet de régler son loyer et de s’occuper de son dernier fils âgé de 11 ans, en classe de 6e.

Dame Boua a toujours eu la fibre entrepreneuriale. Depuis l’école primaire, elle se lançait déjà dans de petits commerces. Après avoir arrêté les cours, elle a exercé divers métiers : coiffeuse, vendeuse de pagnes importés, grossiste en bananes plantains, piments, aubergines. « Il fallait absolument entreprendre pour scolariser mes enfants, » précise-t-elle.

Aujourd’hui, avec assurance et sourire, elle raconte les péripéties qu’elle a traversées : la disparition brutale de son époux, le manque de ressources financières, le rejet de sa belle-famille. Elle évoque aussi des soucis de santé, notamment des douleurs articulaires, mais elle prend des médicaments et fait de son mieux. Elle mentionne également le manque d’espace pour agrandir son commerce. « Il faut se battre jusqu’au bout avec deux enfants à charge et penser à leur laisser un héritage, » dit-elle.

En plus de la vente de pain garni, Dame Boua a ouvert un mini-restaurant pour le déjeuner, avec un menu varié. Elle a participé à une tontine de 5000 FCFA par semaine, ce qui lui a permis de créer ce mini-restaurant.

 

 

.Aujourd’hui, son petit stand est devenu une chaîne de points de vente prospères. Elle emploie plusieurs femmes et contribue ainsi à l’autonomisation de familles

 

L’entrepreneuriat, une voie à l’autonomisation de la femme

En termes de conseils, elle recommande aux jeunes filles de “ne pas tout laisser entre les mains de leur mari“, mais d’aller au-delà « Une femme doit entreprendre pour épauler l’homme, car le mari ne pourra pas toujours faire face aux difficultés de la famille. On peut commencer petit et demain devenir grand, » préconise Dame Boua.

L’histoire de Dame Boua est une véritable source d’inspiration. Elle montre comment une initiative individuelle, portée par la détermination peut avoir un impact considérable sur la communauté. Aujourd’hui, son petit stand est devenu une chaîne de points de vente prospères. Elle emploie plusieurs femmes et contribue ainsi à l’autonomisation de familles

Ainsi, Dame Boua a pu ouvrir un compte d’épargne dans une microfinance, ce qui lui permettra de lancer un grand restaurant doté de toutes les commodités. Dame Boua est un exemple vivant de l’impact positif que peut avoir une femme entrepreneuse sur l’économie locale et sur l’émancipation des femmes.

Maya Konan

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