Planification familiale en Afrique : Un levier d’autonomisation des femmes et de développement économique discuté à Abidjan
En marge de l'assemblée annuelle 2025 de la Banque africaine de développement (BAD) à Abidjan, un dîner-échange s'est tenu le 27 mai 2025 au restaurant Comptoir de Cocody. Cet événement a réuni face à la presse des experts en développement et des partenaires internationaux pour discuter du rôle stratégique des données et des investissements dans la planification familiale pour l'autonomisation des femmes et le développement économique en Afrique. Alors que l’Afrique cherche à accélérer sa croissance inclusive, la planification familiale s’impose comme un levier stratégique trop souvent sous-estimé. Bien au-delà de la santé, elle favorise l’éducation, l’emploi des femmes et la prospérité des familles. Un enjeu majeur que la Banque africaine de développement remet au cœur des débats économiques.
Prenant la parole, Dr. Naa Dodoo, Senior à l’Institut Africain pour la Politique de Développement (AFIDEP) a situé l’intérêt des échanges autour de la planification familiale:’’ nous avons organisé ce dîner en marge des Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement : pour rappeler à ceux qui prennent les décisions financières que la planification familiale n’est pas seulement une intervention de santé, mais un véritable levier de développement””.
En plus, elle a mis en lumière une nouvelle vision de la planification familiale. « Il ne s’agit pas seulement de contrôler le nombre d’enfants, mais de permettre aux femmes d’accéder à l’autonomie, de s’intégrer pleinement dans la société et de participer activement à la vie communautaire. La planification familiale offre aux femmes la flexibilité nécessaire pour concilier travail, engagement communautaire et épanouissement personnel”, a-t-elle déclaré. Et de poursuivre “”La planification familiale est souvent perçue uniquement sous l’angle de la santé. Pourtant, le projet « Family Planning Impact » nous pousse à élargir notre regard et à considérer ses bénéfices socio-économiques plus vastes, Car selon elle, la planification familiale permet à la femme de contribuer activement à l’économie de leur famille et de leur communauté.
Les échanges se sont ensuite articulés autour des travaux du Family Planning Impact Consortium, qui utilise des approches quantitatives pour modéliser l’impact de la planification familiale sur l’autonomisation des femmes et le développement économique.

La paneliste Dr Onikepe Owolabi, Vice présidente de l’institut international de recherche international , Guttmacher à son tour a souligné que les investissements accumulés et soutenus dans la planification familiale ne se limitent pas à défendre les droits reproductifs des femmes, mais constituent un levier pour des dividendes économiques et sociaux, plus larges. Pour elle, l’autonomisation des femmes commence par le droit de prendre des décisions éclairées, grâce à un accès garanti à la planification familiale et à l’exploitation des données. Ces éléments permettent aux filles de poursuivre leur scolarité, aux mères de travailler et aux familles d’investir dans l’avenir de chaque enfant. A titre, d’exemple, elle a cité : La modélisation permet de transformer les données en connaissances exploitables. Elle aide à visualiser l’impact à long terme des investissements, notamment en matière de planification familiale. Elle démontre comment les politiques de soutien à la famille contribuent directement au développement socio-économique, et pourquoi elles doivent être prioritaires.
« À la Banque africaine de développement, cette dynamique se poursuit avec la mise en œuvre d’initiatives concrètes visant à élargir l’accès des femmes aux opportunités financières. C’est notamment le cas du programme Affirmative Finance Action for Women in Africa (AFAWA), qui a déjà permis de soutenir plus de 28 400 femmes avec 2,9 milliards de dollars en faveur d’entreprises dirigées par des femmes », a confié Mupenda Wangozi Betty, Chief et Expert en genre pour la région de l’Afrique de l’Ouest à la Banque africaine de développement. » . Avant d’ ajouter que comme le rappelle souvent l’institution, « aucun oiseau ne peut voler avec une seule aile ». L’égalité d’accès au financement pour les femmes n’est pas seulement une question de justice sociale : c’est une condition essentielle pour libérer le plein potentiel des économies africaines.
L’objectif de ce dîner de haut niveau est de fournir une plateforme d’échanges sur l’importance des données probantes, des structures de financement évolutives et des arguments économiques solides en faveur de la planification familiale, dans une optique d’autonomisation des femmes et de progrès socio-économique durable.
Maya Konan