Côte d’Ivoire /Délivrance des CNI : « Les délais sont ramenés à moins d’une dizaine de jours », assure Ago Christian KODIA

Dans un entretien accordé au CICG, le Directeur Général de l'Office national de l'État civil et de l'Identification (ONECI), Ago Christian KODIA, évoque les réformes entreprises par sa structure pour aboutir à la célérité dans la délivrance des CNI. Il dégage également des perspectives prometteuses grâce à l’accompagnement du Gouvernement pour une identification moderne et fiable des personnes vivant en Côte d'Ivoire.

Bonjour monsieur. Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

ONECI : Bonjour à vous. Bien merci. Je suis Ago Christian KODIA, Directeur général de l’Office national de l’État civil et de l’Identification.

 

Certains requérants reprochent la lenteur dans la délivrance des Cartes nationales d’Identité (CNI). Faites-vous le même constat ? Sinon, aujourd’hui, quelle est la situation ?

ONECI : Je peux dire qu’au début, on pouvait le dire. Mais aujourd’hui, il faut dire que les choses se sont vraiment améliorées parce que nous avons amélioré aussi notre système de traitement. Donc, le système aujourd’hui fait beaucoup plus référence aux bases de données, aux différents croisements, et même à l’intelligence artificielle pour certifier les données que nous émettons sur les cartes pour que l’information qui ressort d’une identité unique d’une personne soit la plus fiable possible.

C’est vrai que certaines personnes peuvent ne pas avoir la carte, mais comme on le dit souvent, demander une Carte nationale d’Identité ne veut pas dire automatiquement l’avoir. Parce qu’il y a un certain nombre de processus que l’émission de cette carte doit respecter. Cela veut dire, pour faire simple, que l’ensemble des informations que vous fournissez doit avoir une cohérence certaine, vérifiable. Et c’est seulement à l’issue de cela que nous pouvons produire la carte.

C’est la raison pour laquelle nous demandons à tous ceux qui, aujourd’hui, attendent dans un délai beaucoup plus long, parce que les délais sont ramenés aujourd’hui à moins d’une dizaine de jours. Parfois même en quatre jours seulement, les gens ont leur carte. Et donc, ceux qui ont ce problème doivent rapidement prendre attache avec nos services, via les canaux que nous avons multipliés, y compris même un site de réclamation en ligne qui est sur le site de l’ONECI, www.oneci.ci pour faire une requête en ligne.

Ils vont recevoir tout de suite un numéro de réclamation qui est national. Ils pourront suivre l’évolution du traitement de leur dossier et échanger avec l’ONECI pour apporter des informations complémentaires à la production de leur titre ou non.

 

Quelles sont les grandes réformes mises en œuvre aujourd’hui au niveau de l’ONECI pour permettre qu’en l’espace de quelque temps, on sente vraiment un engouement des citoyens et qu’on voit aussi une certaine célérité ?

ONECI : Il faut dire aussi que vraiment, nous avons écouté, nous avons écouté les plaintes des citoyens et nous avons cherché comment trouver des solutions. Donc, rapidement, comme je le disais, mettre en place une Base de données de vérification parce que dans le passé, pour pouvoir établir la pièce d’identité, vous donnez des éléments, des documents que l’administration vous produit, notamment un extrait d’acte de naissance, un certificat de nationalité.

Et donc, nous allons vérifier dans votre centre d’état civil si cette date de naissance existe et nous allons aussi vérifier au niveau de la justice si le certificat de nationalité a été émis par le juge. Donc, voyez que c’était deux actions qui, tant qu’on n’avait pas obligatoirement une réponse positive à ces deux actions, empêchaient de continuer le processus. Aujourd’hui, nous avons dématérialisé cela en nous référant à des Bases de données historiques qui permettent rapidement de voir si la pièce que vous fournissez est authentique ou non et si votre extrait existe déjà dans le registre. Ce qui nous permet rapidement de traiter in situ ces informations et de ne plus dépendre des autres administrations pour une réponse. Et qui plus est, d’apporter une certaine authenticité sur les cartes et les informations que nous produisons. Cela a permis de raccourcir déjà le délai.

L’autre chose, c’est que nous avons essayé d’améliorer notre dispositif d’accueil des usagers, parce que pour nous, il s’agit de personnes que nous traitons comme des clients. On a amélioré le dispositif d’accueil.

Imaginez-vous lorsque vous devez recevoir peut-être 100 à 200 personnes par jour dans un endroit exigu. Tout de suite, les prochaines personnes qui arrivent sont découragées. L’attente était beaucoup plus longue. Donc il fallait maintenant ouvrir des agences. Nous avons ouvert des agences à Abidjan et à l’intérieur du pays. Je peux citer Korhogo, Bouaké et Abidjan. Nous avons plusieurs agences, une à Marcory, une au Plateau, deux agences à Cocody et même encore des agences élites, des agences premium, avec un service de qualité beaucoup plus renforcé, avec des services plus individualisés. Nous sommes en train de nous mettre aux normes internationales pour que nous puissions être aussi ceux qui donnent du service de qualité à la population. Et tout cela a concouru à faire en sorte que la qualité de nos prestations s’améliore et que le délai de traitement soit réduit.

Ensuite, former le personnel parce qu’on était dans une administration quasiment publique. Aujourd’hui, on est passé en agence d’exécution. Il faut adopter de nouvelles attitudes. Ne pas voir les personnes qui arrivent comme des usagers, mais les voir comme des clients. Enfin, proposer des services pour que les gens puissent consommer l’identité en toute sécurité. Donc, positionner l’ONECI comme le tiers de confiance de l’État de Côte d’Ivoire pour assurer sa mission. Voilà un peu toutes les réformes qui ont été mises en place et qui vont faire en sorte que l’ONECI soit une structure crédible de l’État de Côte d’Ivoire et qui offre des services de qualité aux administrations publiques comme privées.

 

A combien s’élève aujourd’hui le nombre de personnes enrôlées à la CNI ?

ONECI : Il faut dire qu’en terme d’enrôlement, on a passé le cap de 8 millions de personnes. Je pense qu’aux dernières statistiques datant de fin juin, nous étions, sur tout l’ensemble du territoire à 8 123 423 personnes enrôlées. Pour les demandes en traitement, nous avons quasiment 600 000 personnes. Donc, pour ceux-là, le processus continue. On pense que très vite, on va pouvoir se rapprocher et dépasser la barre des 10 millions d’enrôlement avec les efforts qui sont faits actuellement par le Gouvernement pour nous accompagner.

 

On sait que l’un des chantiers majeurs de l’ONECI, c’est le Registre national des personnes physiques, le RNPP. Qu’en est-il aujourd’hui, M. le DG ?

ONECI : C’est vrai que, d’entrée de jeu, les gens avaient vu le RNPP comme un projet, comme quelque chose de palpable. Mais, il faut dire que le Registre national des personnes physiques est une base de données dans laquelle toutes les personnes vivant ou de passage en Côte d’Ivoire vont être répertoriées. Chaque personne avec son statut, avec aussi les éléments de son état civil va être répertoriées par un référent unique qui est le Numéro national d’identification (NNI) qui va permettre d’accrocher à ce numéro tous les actes de la vie civile ou les documents qui la concernent pour les rendre fiables, disponibles et utilisables par l’Administration.

Le tout se fera, bien sûr, dans les limites de la protection des données à caractère personnel. Cela veut dire qu’aujourd’hui, l’interopérabilité de cette base doit nous conduire à ce que vous ne soyez qu’une personne unique, quelle que soit l’administration publique ou privée à laquelle vous avez affaire. Donc, sur votre Permis de conduire, votre identité est la même. Sur votre passeport, vous avez la même identité. Sur tous les documents, votre extrait d’acte de naissance. Et c’est comme ça qu’on va fiabiliser l’identité des Ivoiriens. Mais surtout, faire en sorte que cette identité fiabilisée à travers le Registre national des personnes physiques puisse permettre à l’État d’appliquer les vraies politiques avec le vrai dimensionnement qu’il faut.

Par exemple, au niveau de l’état civil, lorsque l’on fait en sorte qu’on arrive à 100% de déclarations des faits d’état civil, on va tout de suite réduire le nombre d’enfants qui vont à l’école sans extrait d’acte de naissance et permettre à ces enfants d’avoir une scolarité bien établie. Naturellement, avec une bonne scolarité, ces enfants pourront rapidement insérer le tissu professionnel de façon beaucoup plus stable et permettre aux Administrations de bénéficier de personnes bien formées. Vous voyez que c’est vraiment une chaîne d’actions qui va permettre au Gouvernement d’appliquer la bonne politique. Mais surtout bien planifier l’adressage des services sociaux : où est-ce qu’on implante un dispensaire ? Où est-ce qu’on met deux écoles ou trois écoles, pour qu’on puisse avoir une consommation inclusive de l’action du Gouvernement et que la répartition soit vraiment celle qui soit la plus inclusive possible ?

Maintenant, pour les personnes qui sont dans le circuit économique, vous voyez que le fait d’avoir une administration RNPP qui certifie aux autres entités que l’identité est unique et légale, leur permet de bien consommer cette identité, par exemple, de permettre aux banques d’accorder un taux de crédit beaucoup plus faible. Parce que lorsque la banque vous fait un crédit, elle calcule aussi le risque qu’elle prend. Or, si l’État peut certifier à ses organismes que le risque sur votre identité est quasiment nul, il n’y a pas de risque, alors les taux de crédit aussi vont augmenter, l’accessibilité au crédit va augmenter. Alors l’épargne va être mieux utilisée, l’économie va bien fonctionner. Voilà autant de grands chantiers que l’État veut mettre en valeur à travers le RNPP et faire en sorte que les infrastructures qui sont déjà en place puissent être utilisées à bon escient et en toute sécurité par les populations, mais aussi par les administrations.

 

Nous voici au terme de notre entretien. Votre mot de fin.

ONECI : Je veux vous remercier, mais surtout demander que toutes les administrations aujourd’hui se mettent autour du RNPP pour le faire grandir, le consolider, lui donner la force et que nous puissions aller à cette mutation nécessaire pour l’identification des personnes en Côte d’Ivoire.

Nous sommes partis d’une identité qui était d’abord sociale et culturelle, à une identité manuscrite sur du papiers, puis dactylographiée. L’État a modernisé l’identification de la population en donnant une identité biométrique.

Il faut que nous puissions utiliser cette identité biométrique pour faire en sorte que nous ayons notre Carte nationale d’identité ou notre Carte de résidence, ou faire des déclarations de naissance. Il nous faut surtout nous mettre aux normes pour que plus jamais en Côte d’Ivoire, l’Administration ne demande à un citoyen les documents qu’elle-même a créés pour lui. Cela signifierait que lorsque vous arrivez dans une entité publique ou privée, vous n’aurez qu’à donner votre Numéro National d’Identification (NNI) et permettre ainsi à toutes les administrations de pouvoir travailler avec vous de façon beaucoup plus fiable.

L’ONECI se présente donc comme le tiers de confiance à disposition de tous, entreprises publiques ou privées, pour une meilleure identification des personnes vivant en Côte d’Ivoire.

CICG

 

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