Côte d’Ivoire / Autonomisation de la Femme : Dame Boua révolutionne la vente de Sandwiches à l’Ivoirienne

Autonomisation de la Femme : Dame Boua révolutionne la vente de Sandwiches à l'Ivoirienne

Dans le paysage dynamique de l’autonomisation féminine en Côte d’Ivoire, des femmes courageuses se démarquent par leur créativité et leur détermination. Parmi elles, une figure exemplaire : Dame Boua Yvonne, une entrepreneure qui a transformé la vente de sandwiches à l’ivoirienne en une véritable success story dans la commune de Cocody.

Dame Boua au travail

Ce jeudi 30 mai, il est 5h30minutes, dame Boua est déjà sur pieds. Elle fait les derniers réglages en collaboration avec son aide-vendeuse de sa marchandise pour rejoindre son lieu de vente. À la voir bouger un peu partout, dans la maisonnée, à toucher à tout, elle donne l’impression d’une dame de trente ans. Elle explique que, » nous ne sommes qu’au début d’une résilience, d’un courage » qu’elle surmonte depuis la disparition de son époux, il y a quatre années. Elle fait appel au portefaix qui a l’habitude de transporter sa marchandise à plus d’un kilomètre et demi de la maison, une distance quelle parcourt soit par la marche, soit en empruntant un taxi communal.

Âgée de 56 ans, Dame Boua vend depuis sept années du pain avec des accompagnements tels que “sauté de Pomme de terre, de viande de bœuf ou du poisson Hachée, du foie de bœuf, des pâtes alimentaires dit ‘Macaroni’’, des crudités de tomates, chou, oignon frais découpé assorti de vinaigrette’’. Son lieu de vente se résume à un hangar sur lequel est disposé le matériel de travail, un parasol, une chaise et un long banc qui permet d’asseoir et manger rapidement.

« Tout le monde peut entreprendre « , nous confie -Dame Boua en bonne compagnie avec son aide-vendeuse. Celle-ci perçoit au quotidien 1500fcfa après la vente. Dame Boua explique qu’elle utilise ce mode de paiement pour encourager l’aide-vendeuse et pour se protéger contre les absences imprévues. Avec rassurance, elle affirme : « J’ai ma fille avec moi qui est en attente d’un stage, me prête main forte lorsque je suis fatiguée et je dois honorer un rendez -vous », explique Dame Boua.

A Angré, Saint-Marc dans la commune de Cocody, vous la trouverez installée derrière son comptoir avec ses plats de soupière et des baguettes de pain soigneusement rangées dans un vitrier. Du lundi au samedi, Dame Boua est à la tâche, en compagnie de ses aides -vendeuses qui lui donnent un coup de main ainsi que sa fille.

Elles servent sous l’œil vigilant de Dame Boua avec rapidité les clients qui ne désemplissent pas. Pour satisfaire sa clientèle, elle dit se réveiller chaque jour à l’aube pour cuisiner, afin que tout soit prêt dès 7heures du matin. Mais, malgré le poids de l’âge, elle reste plus en station debout pour mieux servir ses clients.

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Guei Albert, auxiliaire de pharmacie en compagnie de ses deux petits garçons indique que, « Les sandwiches de Maman Boua sont un véritable délice pour mes gosses, c’est rare pour eux de ne pas demander ce sandwich avant de commencer la journée. » Tenant à la main un demi-point bien garni, une autre cliente le place soigneusement dans son emballage: “ Je recommande à tous de les essayer“, exprime avec le petit sourire, Toya Grâce, élève en classe de 4eme.

Pour démarrer cette activité, Dame Boua explique qu’elle a commencé avec un capital de 15.000fcfa, soit autour de 10 à 20 baguettes de pains par matinée. Aujourd’hui elle arrive à vendre plus de 100 baguettes de pains. Ce qui lui fait un bénéfice de 60 à 80 milles francs CFA par semaine. Un revenu qui lui permet de régler son loyer et s’occuper de son dernier fils âgé de 11ans en classe de 6ème.

Dame Boua a toujours eu du cœur à l’entrepreneuriat. Puisqu’elle a démarré depuis l’école primaire par les petits commerces, puis après l’arrêt des cours, elle s’est mise au métier de coiffeuse, le commerce de pagne importé des pays voisins, la vente en gros de la banane plantain, du piment, de l’aubergine. Avec le besoin de scolariser ses enfants, il fallait absolument entreprendre, nous précise veuve Boua.

Mais aujourd’hui c’est avec assurance et le sourire qu’elle nous conte toutes les péripéties par lesquelles elles est passées notamment la disparition brutale de son époux, le manque de ressources financières pour faire face aux charges familières et le rejet de son ex-belle famille.
Cependant, elle a évoqué des soucis de santé, c’est-à-dire des douleurs aux articulations qui la ronge mais elle dit prendre des médicaments et fait de son mieux. De plus, elle a mentionné le problème d’espaces plus grands pour agrandir son commerce. Pour elle, il faut « se battre jusqu’au bout avec deux enfants à charge et penser à les laisser un héritage ».

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A côte de la vente de pain avec accompagnement, Dame Boua a démarré un mini -restaurant pour le déjeuner avec un menu diversifié de repas. Elle explique qu’elle participe à une tontine de 5000 francs CFA par semaine, ce qui lui a permis de créer ce mini-restaurant.
En termes de conseils, elle recommande aux jeunes filles de“ ne laisser tout aux mains du mari, mais aller au-delà, surtout une femme doit entreprendre pour épauler l’homme, car le mari ne pourra pas toujours faire face aux difficultés de la famille. Dame Boua préconise : « on peut commencer petit et demain devenir Grand’’.

L’histoire de Dame Boua est une véritable source d’inspiration. Elle montre comment une initiative individuelle, portée par la détermination et l’innovation, peut avoir un impact considérable sur la communauté. Aujourd’hui, son petit stand est devenu une chaîne de points de vente prospères, employant plusieurs femmes et contribuant ainsi à l’autonomisation de nombreuses familles.
Dame Boua est un exemple vivant de l’impact positif que peut avoir une femme entrepreneuse sur l’économie locale et sur l’émancipation des femmes.

Maya Konan

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